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vendredi 7 août 2015

Réviser le droit : parce que vos cours ne suffisent pas (5)





Une fois que vous avez fiché l'intégralité du droit positif tel qu'il est écrit dans vos cours et vos manuels, vous n'avez pas fini malheureusement. Oui, parce que votre cours qui date de la L3, il est vieillot, et que le droit a changé depuis que vous l'avez noté pour la première fois. C'est spécialement vrai dans certaines matières qui ont tendance à bouger plus vite que d'autres (droit des sociétés, droit du travail, droit pénal spécial, et d'autres). D'autres matières sont plus stables, mais en général ce sont aussi les matières qui changent le plus profondément quand une réforme arrive.

J'en profite pour vous dire qu'il serait probablement une bonne idée de réussir les examens d'entrée au CRFPA assez vite, en tout cas avant que la réforme du droit des contrats ne passe, parce que ça va vous faire très bizarre quand 80% des articles vont changer de numérotation, que 50% des JP deviendront obsolètes et que de nouvelles règles vont arriver. Donc soit vous vous dépêchez, soit vous vous démerdez pour retarder la réforme. Ceux qui ont fait des fiches sur les actions possessoires et les ont appris par coeur se souviennent encore de la douleur.

Les actus : un petit peu chaque jour

C'est encore le meilleur moyen de réviser les actualités : les traiter effectivement comme de l'actu, et consulter tous les jours les différentes sources que l'on aura choisi (pour des conseils sur les sources, voir plus bas).

Alors, le problème c'est qu'en plein mois d'août, il n'y en a pas d'actualité (ou très peu), l'idée est donc de reprendre ce qui a pu se passer important en gros depuis septembre dernier. Allez jeter un oeil sur les réformes en cours, les dernières jurisprudences (et les commentaires de doctrine qui vont avec), les grands mouvements théoriques qui sont en cours dans les matières que vous avez choisi, etc.

En faisant ce travail, vous devez avoir deux objectifs en tête :
  • d'abord, être effectivement au courant des changements du droit positif; il serait vraiment absolument catastrophique de citer dans un examen une règle qui n'est plus valide. De la même manière, ignorer un revirement de JP récent, même si on n'a pas encore mesuré sa portée, peut être rédhibitoire;
  • ensuite, ça permet de savoir où se portent la plupart des questions dans un domaine particulier. Vous aurez en tête quels sont les enjeux contemporains de la matière, ce qui est toujours utile pour compléter un commentaire, ou à l'oral pour se préparer aux questions de l'examinateur.
Enfin, lorsque vous lisez une actualité, ne la lisez pas bêtement. Je veux dire, si vous lisez une JP, profitez-en pour relire la partie de votre cours et de vos fiches qui portent sur le domaine correspondant; ça fera une révision en plus, et vous comprendrez mieux l'ensemble en le voyant fonctionner.

Quelles sources d'actualités ?

Là, je ne vais pas faire dans l'original, il y a grosso modo sources privilégiées : les sources généralistes, les sites internet d'actualités juridiques et les revues juridiques.

Les sources généralistes

Le Monde, le Figaro, Libération (c'est bon, c'est assez neutre pour pas que je me fasse tomber dessus pour un biais politique?); mais aussi Metronews, 20minutes, le Parisien, L'Est Républicain, la République du Centre, le Télégramme, La Voix du Nord, la Dépêche du Midi, etc (c'est bon, c'est assez varié pour pas me faire tomber dessus pour un biais géographique?).

Soyons clairs : vous n'apprendrez absolument rien dans ces journaux. Du moins, je l'espère, en général ce qui porte sur le droit est assez mal fait, en tout cas aux yeux d'un spécialiste, et sur les domaines techniques. C'est normal, ce n'est pas l'objet de ces journaux (cela dit, les chroniques judiciaires de certains journaux sont géniales, allez voir celles de Pascal Robert-Diard sur le site du Monde).

Mais alors, pourquoi les lire? Lorsqu'une réforme s'approche, elle est largement détaillée dans ces journaux. Profitez-en pour voir ce qu'en droit, la réforme apportera réellement, si tout ce que l'on en dit est vrai. Et enfin, regardez qui est pour la réforme, et pourquoi, et inversement qui est contre : on a beau essayer de s'isoler en s'entourant de techniques et de notions complexes, les normes juridiques prennent leurs sources majoritairement dans le débat politique, et comprendre ces débats vous donnera de meilleure sensation pour appréhender le fond du droit !

Second versant : tous les articles qui évoquent de manière un peu précise (mais souvent de façon très imprécise) un point de droit. Parce qu'essayer d'habiller de techniques juridiques les éléments qui sont rapportés dans ces journaux est un bon moyen de clarifier, pour vous, les règles juridiques qui s'y appliquent. On parle du rapprochement Bouygues et SFR/Numéricable? Quelle forme en droit des sociétés cela prendra-t-il? Quels sont les enjeux et procédures en droit de la concurrence? Les contrats clients seront-ils impactés et pourquoi? En gros, prenez ça comme des cas pratiques in vivo!

A ce titre, les pénalistes trouveront beaucoup plus à s'amuser dans les pages des faits divers et des comptes-rendus d'audience : sur la procédure, les éléments constitutifs, les voies de recours. IL est beaucoup plus rare de trouver des audiences portant sur le droit de la famille en compte-rendu dans la presse!

Les sites d'actualités juridiques

Je ne vais pas tous les lister, il y en a des pelles, mais au hasard : Dalloz Actualité (et la version étudiante), les dépêches Lexis Nexis, Lamyline, les quelques posts sur Village de la Justice, et ainsi de suite.

Ce sont de bonnes sources car même si en général les actualités sont courtes, elles donnent un résumé précis des JP ou changements récents. Vous pouvez sans problème y jeter un oeil chaque matin avec votre café, pour voir si quelque chose peut être intéressant, et creusez éventuellement.

Le vrai problème avec ces sources, c'est que le plus souvent il faut un abonnement pour accéder au contenu complet. Essayez de profiter au maximum des accès que vous avez via votre université, ou votre lieu de stage si jamais vous avez la chance de passer votre mois d'août dans un bureau.

Les revues juridiques

Je ne vais pas du tout vous en citer, vous connaissez sûrement mieux que moi celles qui sont pertinentes pour votre domaine. Avant d'être des pavés reliés dans lesquels vous allez piocher des citations ou des explications pour vos recherches, ce sont surtout des revues d'actualités juridiques, qui en général (pour les hebdomadaires surtout), font un bon compromis entre rapidité de la publication, et profondeur de l'analyse.

Par contre, et c'est le plus grand problème, y accéder coûte cher ! Comme pour les sites d'actualités juridiques, les consulter sera beaucoup plus facile si vous y avez déjà accès, via votre BU, votre lieu de stage, ou en ligne puisque la plupart des revues juridiques sont disponibles en ligne sur le site de leurs éditeurs.

L'avenir d'aujourd'hui est l'actualité de demain

On est d'accord, je m'améliore pas tellement avec les titres. Mais ce que je veux dire par là, c'est que révisez l'actualité ça veut dira aussi faire un peu de droit prospectif. Au moment où vous révisez, c'est à dire maintenant, vous ne savez pas ce que seront les actualités au moment où vous passerez vos examens, notamment les oraux.

Or, et j'y reviendrai quand on parlera des oraux, avoir une bonne connaissance des évolutions en cours de chaque matière permet de retomber facilement sur ses pieds lorsque l'on se fait poser une question sur laquelle on patine.

Faut-il vraiment faire péter sa science?

Ou plutôt, faut-il balancer de l'actualité à tout prix? Non, de façon évidente. Déjà à l'écrit, il faut le faire avec modération. En cas pratique, à dose homéopathique même ! En commentaire, seulement sur la fin, en forme d'ouverture.

Par contre, en oral, vous risquez d'en avoir vraiment besoin, surtout si votre examinateur est un praticien. Tout simplement parce que ces gens-là ont une vision et une expérience personnelle des évolutions du droit, et probablement une opinion très tranchée sur chaque question. Donc pour tenir la route en face, il faut que vous sachiez aussi de quoi on vous parle.


Voilà donc plusieurs bonnes raisons de ne pas limiter ses révisions aux seuls cours et manuels que vous avez fiché ! Et puis ça vous changera (un tout petit peu) les idées, plutôt que d'enchainer les 

Alexandre

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